Einstein a dit un jour : « On ne peut pas résoudre un problème à partir de la même conscience qui l’a créé. Vous devez apprendre à voir le monde d’un œil nouveau ».
La transition écologique n’est qu’un nom pour une idée simple. Le monde a un gros et sérieux problème. Certains parlent du changement climatique ou de réchauffement climatique. D’autres parlent de l’épuisement des combustibles fossiles ou encore de la pollution plastique. Ceux qui ce sont intéressés à l’ampleur du problème peuvent vous dire que nous atteignons les limites de la croissance sur notre planète, et le relier aux chiffres de la population, aux inégalités, aux déséquilibres écologiques… montre que nous allons vers de très mauvais jours. Si vous vous êtes renseigné, vous avez une idée approximative de l’ampleur du problème.
Beaucoup ont remarqué qu’il nous faut un état d’esprit différent pour faire face à ces problèmes. Beaucoup sont d’accord pour dire qu’une action collective est nécessaire pour les résoudre. Le problème c’est que l’on ne voit pas assez souvent de cadres cohérents et obligatoires qui tend vers l’application des théories. Les entreprises de chaines alimentaires et les centres commerciaux en portent d’ailleurs beaucoup la faute ! De plus, on explique pas assez comment fonctionnent les socio-écosystèmes et comment appliquer ces connaissances dans vos actions quotidiennes alors que cela nous permettrait d’essayer de trouver des solutions locales à un problème mondial.
La « Transition écologique » est une expression plutôt vague et imprécise. Ce n’est pas inhabituel, c’est souvent le cas avec des termes dont l’origine et l’utilisation sont essentiellement politiques. Il en va de même, plus ou moins, pour les idées de développement durable, d’économie circulaire, de transition énergétique, de modernisation écologique, de croissance verte, etc. Dans un certain sens, le flou facilite l’exigibilité des usages, ce qui peut parfois être favorable à la pratique politique, toujours soumise à des conditions et à des pressions d’origines très diverses.
En tant que terme sociologique, le mot « transition » est généralement appliqué aux changements sociaux et politiques d’une certaine importance, et non à des modifications insignifiantes, automatiques, routinières ou de simples détails. En d’autres termes, les connotations d’une transition sont souvent un peu plus substantielles que celles d’un simple changement.
En règle générale, la transition écologique c’est une façon de comprendre l’écologie et de l’appliquer à notre société. C’est un recueil de recettes pratiques pour aider les collectivités à rendre le monde plus durable. Pouvoir se concentrer sur des solutions écologiques qui peuvent être appliquées dans de nombreux endroits et circonstances. Une transition écologique serait un éventuel processus de changement dans les systèmes de production et de consommation, ainsi que dans les institutions sociales et politiques et dans les modes de vie et les valeurs de la population, qui conduirait de la situation actuelle, trop coûteuse sur le plan environnemental et donc pleine de risques excessifs, à une situation écologiquement durable et compatible avec la capacité de la planète à maintenir les activités humaines. Tout cela sans modifier substantiellement l’organisation des activités économiques ou les formes fondamentales du système politique démocratique, et en maintenant, voire en augmentant, les niveaux actuels de satisfaction des besoins matériels de la population.
Comment pouvons-nous accélérer la nécessaire transition de nos économies et de nos sociétés vers une condition de durabilité – c’est-à-dire la possibilité de préserver le bien-être humain dans le temps, sous réserve des contraintes que représentent les facteurs écologiques ? Tout d’abord, en clarifiant la nature des changements sociaux qui doivent être introduits et en abandonnant, dans un premier temps, deux représentations erronées de ces changements.
La première de ces deux représentations présente un monde purement cérébral dans lequel les scientifiques, de plus en plus convaincus d’être sur la bonne voie, cherchent à convertir les citoyens ignorant la gravité des crises écologiques. La science nous met en garde contre les faits et, bien qu’il s’agisse d’une avancée importante, elle ne suffit pas à mobiliser la détermination et à libérer nos meilleures énergies. Les alertes scientifiques qui mettent en garde contre la nécessité de changer de comportement peuvent en fait être contre-productives si la demande est perçue par les gens comme une arrogance intellectuelle de la part des élites. La transition ne se fera pas par l’obéissance.
La seconde représentation, aux antipodes de la raison, met en scène un monde social animé par la peur du désastre, la revendication étant ici que les sociétés humaines, soumises à un réflexe reptilien, acceptent le changement non pas comme le résultat d’une compréhension consciente mais par un processus d’apprentissage induit par le désastre. La peur est donc considérée comme un puissant moteur d’action ; en réalité, elle engendre probablement plus de paralysie qu’elle n’incite à l’action : plus on nous dit que la fin du monde est proche, que la catastrophe nous appelle, plus on nous encourage à nous comporter de manière irresponsable. La transition ne se fera pas par la terreur.
Il nous reste trois certitudes. Tout d’abord, la transition écologique est possible, comme en témoignent les innombrables transitions positives et analogues du passé qui ont invariablement été le fruit de processus prolongés, inégaux et imparfaits : l’abolition de l’esclavage, par exemple, ou la reconnaissance des droits des femmes (considérez également les grandes transitions structurelles des sociétés humaines observées dans le monde entier sous la forme de transitions démographiques ou de transitions vers la démocratie).
Deuxièmement, la transition écologique entraînera un changement de comportement et d’attitudes inspiré par un récit positif commun (au triple sens de constructif, pratique et robuste) et qui, en termes d’influence, dépassera de loin la raison pure ou la panique aveugle (aucune transition obtenue par la force ne sera durable). Cette transition sera progressive. Elle devra prendre forme au fil du temps, en se développant à partir d’institutions minutieusement construites et se renforçant mutuellement (il ne peut y avoir de saut magique d’un état de la société à un autre).
Enfin, la transition écologique doit, si elle doit devenir une réalité sociale, intégrer une combinaison de connaissances et de convictions. Si la nécessité de la transition est générée par la connaissance écologique, sa possibilité émergera de la croyance sociale qui seule inculque le pouvoir de mettre en mouvement l’action démocratique. Il faut d’abord savoir, puis croire (voire dans certains cas, rêver) pour arriver, enfin, au stade de l’action. Ce récit positif commun de la transition écologique ne peut se construire exclusivement sur l’impératif d’efficacité économique (surtout si l’amélioration sur cette voie ne promet qu’un retour à un PIB en hausse, la « croissance verte », qui ne manquera pas d’entraîner dans son sillage de nouvelles formes de dommages environnementaux et d’inégalités).
Tout nouveau récit doit être guidé par le principe de la justice sociale. La transition doit être équitable, elle doit offrir une stabilité et promettre une protection. Notre objectif premier dans cette courte contribution est de lier fermement la transition écologique à la demande simultanée de progrès social. Alors que nous Il faut, selon lui, que ce progrès social soit érigé sur le trépied de l’égalité, l’emploi et la protection sociale. Ce sont les trois piliers de la L’objectif est de créer l’édifice nécessaire à une transition socio-écologique. En termes simples, le La transition socio-écologique répond aux changements environnementaux par des progrès.
Développer un nouveau discours sur l’emploi dans le cadre du changement climatique n’est pas simple et entraînera inévitablement des tensions. La réflexion sur la relation entre le changement climatique et la création/ destruction d’emplois donne en fait lieu à deux types de cadre analytique très différents, selon la manière dont la question du changement climatique est analysée. Les deux approches ne sont pas monolithiques. Bien qu’il existe parfois des variations importantes au sein de chacun des récits, les deux sont néanmoins fondamentalement différents.
Elles peuvent néanmoins, comme nous le verrons, s’avérer plus complémentaires qu’antagonistes. La réduction des émissions de gaz à effet de serre se fera progressivement grâce à l’adoption de technologies appropriées. Dans ce cadre, il s’agit donc d’assurer une transition, notamment en matière d’énergie propre, qui, si elle affecte sans doute notre mode de vie et nos modes de consommation, le fera de manière relativement marginale. Les changements dans les méthodes de production seraient plus importants dans certains secteurs que dans d’autres (délocalisation de certaines industries à forte intensité énergétique, augmentation relative des coûts de transport entraînant un repositionnement de la chaîne de valeur, courts-circuits, agriculture extensive, etc.).
Cette première approche développe l’idée d’une « écologisation » de l’économie et le développement d’emplois verts. Elle pose des questions sur les nouvelles compétences et qualifications que sera nécessaire (par exemple, pour l’isolation des logements) et les moyens les développer. Ce dont nous parlons ici peut être décrit comme le l’émergence d’une forme de « capitalisme vert et néo-keynésien ».
En termes d’emploi, cette approche ne s’éloigne pas vraiment du scénario de développement normal d’une économie de marché, bien qu’elle accorde un rôle important à l’État qui est chargé de promouvoir l’émergence de nouveaux secteurs et de nouveaux emplois par le biais de subventions, d’investissements, de normes et d’objectifs. Certains secteurs émergeront, d’autres disparaîtront. Il est nécessaire de prévoir des incitations au développement des compétences et de fournir des formes de formation appropriées. Il existe des ruches de nouveaux emplois potentiels, mais ceux-ci doivent être activés. De ce point de vue, la transition ne sera pas traumatisante pour le marché du travail ; en effet, un grand nombre des nouveaux emplois créés seraient d’une de meilleure qualité que les anciennes.
La deuxième approche repose sur le postulat qu’il sera impossible de réduire suffisamment les émissions de gaz à effet de serre sans s’engager dans des changements plus ou moins radicaux de nos modes de production et de consommation. Cela implique en même temps de remettre en cause les règles d’un marché parfait où les prix sont les seuls indicateurs pertinents. Cette approche remet en effet en cause l’idée d’une croissance sans fin et son credo est, par conséquent, celui d’une « prospérité sans croissance « 20. Le défi consiste à délimiter cette forme de prospérité et les emplois qui l’accompagnent.
Cette approche est celle qui est ostensiblement privilégiée par les grandes institutions internationales (Commission européenne, OCDE, FMI, Banque mondiale, Banque, OIT, etc. ). Ces organismes promeuvent ces scénarios, soit seuls, soit en coopération les uns avec les autres, tout en présentant des différences souvent légères. La perspective d’une croissance verte est présentée comme l’ouverture de nouveaux marchés induite par de nouvelles formes de demande. Il existe un potentiel de création d’emplois dans la gestion de l’eau, des déchets, la mesure de la qualité de l’air, la biodiversité, les nouvelles formes de tourisme, etc.
En conséquence, il n’est guère fait référence à une quelconque forme de bouleversement majeur, de tournant ou de changement radical du paradigme économique. Au contraire, nous sommes encouragés à considérer les développements comme l’évolution normale d’une économie. Il est important de souligner que le périmètre extérieur de ce qui est considéré comme constituant l’économie verte fait également l’objet d’un débat. Le raisonnement peut ici être mené soit en termes de secteur ou de profession, soit en termes macroéconomiques, soit en termes d’industrie ou de secteur. Certaines tentatives d’harmonisation et d’accord sur les définitions sont actuellement en cours. Un ensemble de lignes directrices adoptées par la 19e conférence des statisticiens du travail en 2013 à Genève divise le secteur de l’environnement en deux grandes parties :
Les prévisions en termes de chiffres diffèrent considérablement selon l’approche choisie. Pour la France, selon une première approche basée sur les activités des entreprises, l’estimation est de 450 000 emplois dans les éco-activités et 450 000 dans les activités périphériques. En revanche, si l’on utilise la deuxième approche en termes de métier, on pourrait compter 140 000 professionnels dans les « métiers verts » (essentiellement le traitement des déchets et la distribution d’eau et d’énergie) et 3 700 000 dans les « métiers verts », c’est-à-dire ceux qui ne sont pas environnementaux en termes de finalité directe mais qui intègrent « des blocs de compétences pour prendre en compte la dimension environnementale de manière significative et quantifiable (architecte, jardinier, calorifugeur, logisticien ou spécialistes des loisirs) « . Non seulement les chiffres diffèrent ici, mais la nature même des emplois verts est incertaine – par exemple, un emploi dans le secteur de l’énergie nucléaire doit-il être considéré comme un emploi vert ?
En ce qui concerne les effets du changement climatique sur l’emploi, le dernier rapport du GIEC n’est guère très explicite. Il note que les effets du changement climatique sur les emplois et les moyens de subsistance sont rarement évidents ou directs (il faut aussi tenir compte des infrastructures qui soutiennent l’économie dans son ensemble). Les effets seront très variables selon les régions et les secteurs, les secteurs les plus vulnérables étant notamment l’énergie, l’eau, l’agriculture, le tourisme et les transports. La lutte pour atténuer le changement climatique créera également des emplois dans des domaines tels que les économies d’énergie, les énergies renouvelables, l’énergie nucléaire et la gestion des forêts. En l’absence d’alternatives, la migration sera souvent le seul moyen de s’adapter au changement climatique.
En matière de travail décent, le cas du recyclage des déchets peut servir de contre-exemple. S’il est vrai que la situation diffère selon les pays, les sous-secteurs, les entreprises et les formes d’organisation (publiques, semi-publiques ou privées), il est évident que dans certains pays, elle laisse beaucoup à désirer. Les syndicats nationaux et européens souhaiteraient clairement adopter une attitude plus proactive mais ne sont pas toujours présents dans ces lieux de travail décentralisés. Ce qui est certain, c’est que les conditions de travail dans ces secteurs n’ont pas connu d’amélioration spontanée depuis qu’ils ont reçu le label « green job ». Le lien entre l’emploi vert et le travail décent ne peut donc pas être considéré comme acquis. Des mesures positives doivent être prises pour attirer l’attention sur ces emplois et en améliorer la qualité. Sous cet angle, le débat doit être analysé et utilisé comme une opportunité pour renouveler toute la question des emplois de qualité en général à travers l’exemple spécifique d’emplois verts. Cette fenêtre d’opportunité est apparue dans un climat où la discussion a mis l’accent sur la quantité d’emplois en raison de la crise et du chômage.
La façon d’accélérer le processus de transition est de la concevoir comme une transition socio-écologique, et les faits et Les idées que nous avons exposées ici sont les suivantes dans un sens résolument pratique comme un effort pour fonder la transition écologique fermement sur le progrès social. Nous avons établi le lien entre l’inégalité et le et les crises sociales, ainsi que la nécessité de s’attaquer aux deux simultanément ; nous ont réfléchi à ce que cela pourrait signifier en termes d’emploi mais aussi en termes d’une dynamique articulée et progressive ; nous avons examiné l’ensemble les rôles trop souvent dissimulés des acteurs collectifs et notamment de la Nous avons enfin examiné les possibilités offertes par les syndicats.
La protection est à nouveau conçue comme un moyen de relever ces défis. Ainsi envisagée, notre réflexion s’éloigne d’une moralisation ou une attitude accusatrice qui consiste à condamner l’humanité en général ou les sociétés humaines dans le monde entier pour les insultes et les outrages qu’elles ont perpétrée sur le monde naturel. Nous nous efforçons plutôt de trouver des moyens de permettre aux êtres humains d’acquérir un sens de l’engagement social dans et l’appropriation de la transition écologique et la protection des plus vulnérables des pires conséquences des crises environnementales. L’objectif de la La transition socio-écologique n’a pas pour but de « sauver la planète » ou de « sauver le climat ». mais pour protéger le bien-être de ceux d’entre nous qui sont les plus sensibles à la et les plus exposés aux menaces, leur position étant quelque comme celle des sentinelles écologiques.
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