A ce jour, peu d’élu(e-s) écologistes ont eu l’occasion d’assumer des délégations au sport car d’autres politiques publiques ont eu leur préférence au regard des urgences. Pourtant, nombre d’entre eux sont des pratiquants avérés, des sportifs de haut niveau ou des responsables du sport.
Le sport, fait social total à dimension planétaire, influence nos vies, nos comportements, notre économie, nos relations sociales. Il façonne nos identités, participe à notre bien-être et notre santé. Il est un formidable vecteur éducatif et de convivialité. Il promeut les meilleures des valeurs, provoque d’intenses émotions, mais génère aussi de sombres affaires et sait également pousser à la faute les plus vertueux… Voilà une société dans la société qui s’affirme comme une contre-société idéalisée mais qui au final se contredit.
Choisir de réaliser un guide technique sur les liens entre sport et écologie était un beau challenge. Nous savions pouvoir trouver toutes les compétences pour faire tomber les représentations erronées. La lecture de ce guide montre la pertinence des solutions pour produire de la convergence entre écologistes sportifs et sportifs écologistes. Il montre surtout comment une politique sportive bien menée est un vecteur d’avenir de nos territoires.
Parmi ces tensions contradictoires, et pour l’énoncer schématiquement, le sport contemporain oscille entre un culte de la performance parfois extrême et source de certaines dérives et un sport-loisirs plus mesuré, davantage orienté vers la santé et la sensibilisation de tous aux valeurs humanistes.
Cette ambivalence se cristallise par exemple dans les grands événements sportifs, issus de l’olympisme moderne de Pierre de Coubertin. Les Jeux olympiques, c’est à la fois le rassemblement des nations, la célébrations de la force physique et de vertus morales, l’aristocratie des athlètes de haut niveau (plus haut, plus vite, plus fort, comme l’affirme la devise olympique) et la démocratisation du sport offert à tous, au moins via la télévision. L(olympisme se veut associé à l’éducation, la culture, l’humanisme. Mais il se retrouve aujourd’hui également associé à une gouvernance opaque, à des budgets disproportionnés, et parfois à des dégâts sociaux et environnementaux considérables comme lors des derniers JO d’hiver de Sotchi en Février 2014.
Tel qu’on le connaît aujourd’hui, le sport se caractérise par sa plasticité et par la multiplicité de ses visages : sport-santé, sport-loisirs, sport-spectacle et de haut niveau, éducation physique et sportive, préparation militaire… Selon la définition extensive proposée par la Charte européenne du sport, il regroupe au final « toutes formes d’activités physiques qui, à travers une participation organisée ou non, ont pour objectif l’expression ou l’amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l’obtention de résultats en compétition de tous niveaux ».
Dans sa version moderne, le sport est lié à l’émergence des valeurs libérales : individualisme, effort, mérite, régulation de la violence, foi dans le progrès. Multiple, il n’a cependant pas de sens politique a priori, « par essence ». Il est traversé par des logiques contradictoires : coopératif au sein d’une équipe mais compétitif face à l’adversaire. Tolérant par son ouverture à chacune et chacun sans discrimination de religion, de culture ou de classe, mais souvent sexiste dans la séparation organisée des femmes et des hommes. Démocratique car il consacre l’égalité de tous devant la règle mais aristocratique dans la production d’élites et le culte du classement, etc.
Trop longtemps sous-estimés, les coûts environnementaux et financiers d’une politique sportive doivent aujourd’hui être rigoureusement appréciés. Cet impératif est amplifié par l’effondrement des concours financiers de l’Etat aux collectivités (-12,25 milliards d’euros par an entre 2013 et 2017), comme par la responsabilisation accrue des collectivités pour faire face aux enjeux climatiques et énergétiques, alors que la France accueille la 21e Conférence des parties (COP21) à la Conférence cadre des Nations unies sur le changement climatique. Dans ce cadre, le sport a notamment un effort colossal à réaliser pour diminuer son empreinte liée aux transports, qui produisent une part majeure des émissions de gaz à effet de serre dues à un événement sportif.
A budget raisonnable, et souvent avec un meilleur respect de l’environnement, les politiques sportives peuvent aussi favoriser l’insertion socioprofessionnelle, l’éducation, la santé, la lutte contre les discriminations, l’épanouissement personnel, le développement durable d’un territoire, en pariant davantage sur la pratique physique que sur le spectacle sportif. Ce sont ces voies qui seront prioritairement explorées ici, en empruntant cependant au sport de haut niveau, de manière secondaire, sa capacité potentielle à dynamiser la pratique sportive locale ou à consolider l’identité d’un territoire.
Plus largement, des politiques sportives écologistes, c’est-à-dire soutenables, doivent à nos yeux montrer leur capacité à atteindre des objectifs tels que :
Par contraste, l’accueil d’événements sportifs peu respectueux de l’environnement et/ou fortement émetteurs de gaz à effet de serre (rallye du Paris-Dakar), la construction d’équipements consommateurs de terres agricoles ou d’espaces verts (nouveau stade OL Land à Lyon, extension du stade Roland-Garros sur le jardin des serres d’Auteuil à Paris), mettant en péril les finances publiques (partenariats public/privé signés pour construire et rénover les stades accueillant l’Euro 2016 passé de Football) ou à l’utilité sociale non démontrée (projet de grand stade Rugby en Essonne), la promotion de spectacles sportifs ne respectant pas le bien-être animal (corrida) ou la dignité humaine (compétition « en cage » de mixed d’arts martiaux.), pour ne citer que ces quelques exemples, ne sont pas conformes aux objectifs précités.
Par ailleurs une politique sportive n’est jamais totalement autonome, mais transversale. Elle se met en oeuvre en associant les politiques éducative, culturelle, sociale, budgétaire, urbaine, de mobilités, etc., qui doivent poursuivre des objectifs similaires.
Une politique sportive écologiste poursuit donc une ambition simple : faire la preuve de la soutenabilité, favoriser le bien-être individuel et collectif, en complémentarité avec l’ensemble des politiques menées sur un territoire. Cela suppose de repenser l’aménagement de la ville et les investissements dans les équipements, d’alléger l’impact environnemental des événements, de rééquilibrer la ventilation des budgets, de développer les mobilités actives, de maximiser les effets bénéfiques du sport sur la santé publique, le lien social, le développement économique.
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