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Associer les plantes, c’est faire pousser côte à côte plusieurs espèces différentes. Les raisons pour lesquelles on choisit de marier ces plantes sont multiples.
Certaines plantes libèrent des molécules qui interagissent avec leur environnement (de manière positive ou négative). Choisir des plantes qui réduisent la pression des parasites ou des maladies fongiques est un moyen d’avoir des cultures plus saines.
Les plantes ne poussent pas toutes à la même vitesse, n’ont pas les mêmes volumes de feuillage, et leurs racines n’occupent pas les mêmes horizons. Marier des plantes complémentaires prend alors tout son sens, si l’on veut optimiser l’espace et le temps.
La guilde était au Moyen Age une association de secours mutuel entre artisans, marchands, artistes ayant des intérêts communs. En permaculture, ce mot désigne un ensemble de plantes poussant en association, autour d’une plante principale.
Dans une guilde fruitière, chaque plante apporte assistance et entraide aux autres. Aucune plante n’entre dans cette composition si elle ne contribue pas à la santé et à la vigueur de la communauté. La guilde est une polyculture formant une sorte de mini-écosystème autosuffisant. C’est l’étape qui suit les associations simples de plantes. C’est aussi l’étape avant le jardin-verger (ou la forêt comestible). Autour du fruitier principal, on trouvera des arbustes moins hauts (petits fruitiers), des plantes reminéralisantes aux racines pivotantes (chicorée, pissenlit,oseille), des Fabacées fixatrices d’azote (haricots, poils), des aromatiques qui agissent comme répulsifs vis-à-vis des parasites (elles provoquent un « brouillard olfactif » par l’émission de leurs huiles essentielles qui désorientent certains parasites). Elles attirent aussi les insectes pollinisateurs. La guilde comprend aussi des couvre-sols (comme les fraises des bois par exemple).
Si vous partez de zéro, commencez par planter un jeune arbre-tige, dans un large trou, bien décompacté en profondeur. Laissez-le s’installer pendant un an, puis plantez ensuite autour progressivement, sur plusieurs années.
Si vous partez d’un arbre adulte, vous allez devoir éclaircir graduellement la ramure, sur deux ou trois ans, à une hauteur de 3-4m maximum, ce qui permet d’apporter de la lumière aux étages inférieurs et de pouvoir planter à proximité de son tronc.
Les plantations, constituées en grande partie de plantes pérennes, optimisent les ressources disponibles comme le soleil, l’eau et les nutriments. Les légumes s’intercalent entre elles, quand c’est possible.
Le physalis, aussi appelé coqueret du Pérou, est originaire des Andes. Les fruits produits en abondance poussent sur des plantes cultivées en annuelles, qui montent à 1m de haut et que l’on peut laisser telles quelles ou bien palisser.
Les groseilles roses, rouges ou blanches, celles à maquereaux et les cassis portent des fruits même à la mi-ombre, ce qui en fait des acteurs parfaits de la guilde.
Sous nos climats, où la lumière est limitante, on ne peut pas cultiver tous les légumes sous le couvert des arbres. Tous les légumes d’été, tomates, aubergines, courgettes, melons, concombre ont besoin de soleil. Vous pouvez les tenter si l’arbre principal n’est pas trop dense, et en les plantant côté sud, mais le résultat n’est pas garanti. En revanche, les autres légumes, comme les pois, les haricots, les salades, les radis, les bettes, les épinards, peuvent se glisser entre les plantes.
Certaines plantes émettent des substances volatiles qui gênent le développement des maladies fongiques, et celui des insectes aériens ou souterrains. La plupart des plantes aromatiques, riches en huiles essentielles, ont ce pouvoir.
L’ail est utile dans la lutte contre la cloque des fruitiers. Ce champignon du nom de Taphrina deformans attaque pêchers, brugnoniers, nectariniers, amandiers. Les feuilles se déforment, deviennent boursouflées, tachées de rouge, se dessèchent et tombent. La récolte n’est pas en meilleur état. La plantation d’ail au pied des arbres serait efficace grâce à la diffusion dans la sève de l’arbre d’allicine, un composé organosulfuré qui présente des propriétés antibactériennes et antifongiques. L’ail combat aussi d’autres maladies fongiques, comme la pourriture grise du fraisier, l’oïdium de la vigne, les taches noires du rosier, la moniliose sur fruitiers, la rouille du groseillier.
Du diamètre d’un cheveu, ces minuscules vers de 1mm de long à peine (Meloydogine et Pratylenchus) vivent dans le sol et se nourrissent des racines des plantes. Ces dernières jaunissent et flétrissent, tandis que sur les racines, apparaissent de petites galles. Dans les cas extrêmes, les racines pourrissent et la plante meurt. Les nématodes se multiplient vite dans les soles légers et humides, riches en compost… comme ceux du potager !
Les plantes du genre Tagetes (T.patula ou oeillet d’Inde et T. erecta ou rose d’Inde) sont connues pour gêner le développement des nématodes, c’est la raison pour laquelle on les trouve si fréquemment au potager; Ces plantes produisent des substances comme l’a-tierthenyl qui inhibe la croissance de nombreux nématodes. Il semble que la synthèse de ce produit et sa libération dans le sol correspondent à une réaction de défense des racines de Tagetes lors de la pénétration des nématodes parasites des racines. Ce qui explique pourquoi les plantes vivantes sont plus efficaces que les mêmes plantes utilisées en mulch. Il est aussi possible que les tagètes se comportent vis-à-vis des nématodes comme des pièges sans issue, inhibant la reproduction du parasite. Il faut aussi noter que d’autres plantes gênent le développement de certains nématodes : le souci, le cosmos, le lin, la chicorée sauvage, le liseron des champs, les héléniums, les gaillardes et les rudbeckias.
Artemisia absinthium contient une huile essentielle riche en thuyone, chamazulène, et limonène, trois composés qui possèdent des propriétés anti fongiques reconnues. Pulvérisé préventivement sur les parties aériennes du groseillier, l’infusion d’absinthe évite la rouille. Mais on peut aussi cultiver l’absinthe en mélange avec les petits fruitiers. Il faut juste laisser un bon mètre entre les plantes et la tailler de temps en temps, pour éviter qu’elle ne prenne trop de volume au détriment des arbustes.
Pastinaca sativa sbsp. sativa de son nom officiel, est une grande Apia cée bisannuelle qui attire une large variété d’insectes auxiliaires. C’est le cas des ichneumons, d’Isodontia mexicana, une guêpe solitaire qui consomme beaucoup de sauterelles, du lepture tacheté (Lygistopterus sanguineus) dont les larves se nourrissent de petits invertébrés dans le bois en décomposition, ou de plusieurs longicornes (Phytoecia)… C’est aussi accessoirement l’une des plantes-hôtes de la chenille du superbe papillon machaon (avec le fenouil, la carotte, le persil, la rue). Attention, la sève de la plante provoque des dermites de contact, et parfois des brûlures. Ces réactions cutanées sont aggravées par le soleil. Le risque est d’autant plus important qu’on ne sent rien et que les brûlures n’apparaissent que plusieurs heures après le contact avec les plantes. Plantez quelques pieds de panais parmi vos légumes habituels. Vous en consommerez une partie la première année et laisserez une partie monter à fleurs la deuxième année de culture…
Certaines plantes concentrent les éléments nutritifs et il est bon de les cultiver en mélange avec les légumes, ou bien en bordure de potager.
Ces plantes aux longues racines pivotantes plongent profondément dans la terre pour aller chercher des micronutriments et les mettre à disposition de plantes aux racines plus superficielles. On les trouve aussi bien parmi les légumes (fenouil, pourpier, persil…) que chez les adventices (chicorée, pissenlit ou oseille crépue par exemple).
Certaines plantes, appartenant toute à une même famille, celle des Fabacées, ont la capacité de capter et de stocker l’azote de l’air dans le sol au niveau de leurs racines. L’azote est l’un des trois éléments fertilisants importants avec le potassium et le phosphate. En réalité, ce sont diverses bactéries du genre Rhizobium fixatrices d’azote, qui vivent en symbiose avec les racines des Fabacées. Elles forment des petites nodosités, que l’on voit parfaitement quand on arrache une Fabacée (elles mesurent moins de 1mm de diamètre, mais sont visibles à l’oeil nu). L’association plante-bactérie est gagnante des deux côtés : la plante fournit l’énergie (les sucres) issue de la photosynthèse. En échange, les bactéries fixent et réduisent l’azote atmosphérique en ammonium, directement assimilable par les plantes-hôtes.
Les nodosités, véritables organes d’échanges métaboliques entre les bactéries et les plantes, concentrent l’azote. Traditionnellement, après une culture de Fabacées (pois, fèves, haricots…), on installe des légumes feuilles, qui demandent beaucoup d’azote (salades, épinards, bettes…). Mais on peut aussi cultiver de nombreux légumes en même temps que les Fabacées. Certains, qui redoutent le soleil brûlant, profiteront avantageusement de leur ombre : c’est le cas des salades, des radis, des choux, des bettes.
L’exemple le plus connu d’association avec des Fabacées est issu d’Amérique du sud : les populations précolombiennes cultivaient des haricots au pied des maïs. Les premiers grimpant dans les seconds, tandis que des courges étaient plantées au pied (les Trois sœurs). Les haricots apportent l’azote aux deux autres, le maïs sert de tuteur et les courges, en étalant leurs larges feuilles, conservent l’humidité et limitent la pousse des herbes indésirables. Cette association est aussi connue sous le nom de milpa. Mais pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour trouver ce type d’association : dans le Béarn, haricot et maïs sont étroitement associés dans certains champs.
Le haricot a été implanté dans la région au XVIIIe siècle en même temps que le maïs et depuis, les deux plantes ont toujours été intimement associées, car elles s’entraident l’une l’autre ! Ces haricots, appelés « haricot-maïs » ont une chair fondante et leur peau est très fine (l’ombre du maïs les protégeant du soleil). Se développant à l’ombre, ils produisent moins d’amidon que les autres, ce qui les rend très digestes. On peut bien sûr trouver quelques variantes à cette association : remplacer le maïs par des tournesols (il faudra certainement prévoir des tuteurs, la tige du tournesol étant moins solide que celle des maïs), les haricots par des pois, les courges par des courgettes, ou même des tomates-cerises laissées libre au sol.
La littérature regorge d’exemples d’associations supposément utiles. Mais certaines ne résistent pas à l’épreuve du terrain, car des plantes censés être complémentaires n’ont pas forcément les mêmes besoins.
Les associations de plantes ne datent pas d’aujourd’hui, et l’un des manuels les plus précis en la matière a été publié 1845. Il s’agit du Manuel pratique de la culture maraîchère de Paris, écrit par JG Moreau et JJ Daverne, deux jardiniers-maraîchers de Paris, à la suite d’un concours ouvert par la Société royale et centrale d’agriculture de la Seine. C’est un témoignage de Première main sur la vie et les pratiques de la culture dans Paris intra-muros au XIXe siècle. L’ouvrage a d’ailleurs été réédité en 2016 par les éditions du Linteau avec une introduction d’Antoine Jacobson, responsable du Potager du roi à Versailles. Les maraîchers pratiquaient une culture intensive; où chaque centimètre carré été exploité au plus juste, car cette terre des alentours de Paris était rare et chère, et la place dans les couches chauds était comptée. Voici quelques exemples de bonnes associations, toujours d’actualité.
En Mars, on sème la ciboule sur des planches de 33cm de large (quelle précision !), en espaçant bien les graines. Puis on plante la romaine sur la même ligne. Cette dernière poussant bien verticalement, elle n’empêche pas la ciboule de grossir. Et « la romaine est bonne à être envoyée à la halle, avant que la ciboule soit à moitié venue ».
Le chou cabus est planté autour des planches qui contiennent de plus petits légumes (radis, carottes, salades, mâche, épinard, cerfeuil…), en espaçant les pieds tous les 66cm (toujours la même précision). Là ils profitent de la culture et des arrosements que l’on donne aux légumes de la planche. Même chose avec les choux de Bruxelles, placés à 1m les uns des autres. Ils s’allongent vite et perdent leurs feuilles inférieures, ce qui permet aux petits légumes du dessous d’avoir de la lumière. Les choux-fleurs sont, eux, plantés au milieu des romaines.
La mâche se sème en Septembre, entre les pieds de scarole déjà liés pour blanchir. Elle se cueille ensuite de la fin Octobre à la fin Mars.
On sème en Septembre une graine tous les 5cm de « porreau court » (ce sont nos poireaux baguette), ainsi qu’un peu de mâche. Cette dernière est cueillie dans le courant de l’hiver. Et dans la première quinzaine de Mai, les « porreaux sont bons à être vendus. Ils sont petits et n’ont pas beaucoup de blanc, mais sont cependant recherchés comme primeurs ».
Il y avait deux écoles : les maraîchers qui préféraient semer de la carotte hâtive en même temps qu’ils plantaient de la laitue et d’autres qui préféraient semer carottes et radis en même temps.
On plante entre les semis de persil de la romaine « Le persil étant long à lever et grandissant lentement, la romaine est venue et vendue avant qu’on puisse cueillir le persil ».
L’arroche, ou bonne-dame sert de « bouche-trou ». Quelques graines sont semées en Mars entre les légumes, et la plante se débrouille seule. Elle est arrachée haute d’une quinzaine de centimètres, quand les feuilles sont jeunes et tendres, pour être consommée comme l’épinard. Parmi les autres planches bouche-trous, qui s’accommodent de la présence des autres légumes, citons aussi le pourpier. On peut le laisser se ressemer seul (il s’arrache facilement si l’on juge qu’il n’est pas à sa place), car les semis spontanés sont bien plus vigoureux que ceux qu’on fait.
Pourquoi une haie fruitière devrait-elle être un prérequis de tout jardin permaculturel ? Parce qu’elle remplit plusieurs fonctions,et pas des moindres…
Avez-vous déjà calculé la surface au sol que représente votre haie ? Admettons que votre terrain s’étende sur 600m², ce qui pourrait représenter un rectangle de 30x20m. Et que votre haie s’étende sur trois côtés seulement. Cela vous fait donc par exemple, une longueur de 30 + 30 + 20 = 80m. Mettons que la haie ait une profondeur de 1,50m. Cela représente alors une surface de 80 x 1,5m, soit 120m². Ne trouvez-vous pas que ces 120m² seraient plus utiles s’ils produisaient de la nourriture pour vous, votre famille, vos amis… et pour la faune locale ?
Plantez jeune. Creusez une tranchées plutôt que des trous individuels, en creusant sur 40cm de côté et de 30cm de profondeur.. Plantez entre Novembre et Mars permet d’acheter des plants à racines nues, beaucoup moins coûteux. Ne plantez pas trop serré : les plantes doivent pouvoir bien se développer pour fructifier et la lumière doit pénétrer au cœur de chacune. Installez un plant tous les mètres, ou tous les 1,50m.
Ajoutez 2 pelletées de compost bien mûr pour chaque plant. Faites une petite cuvette de terre tout autour de la haie pour pouvoir arroser les deux premières années. Plantez ce que vous aimez. Rien de plus terrible que de devoir écouler une production que vous avez du mal à consommer. Si la surface le permet, plantez sur deux lignes et en quinconce pour un bel aspect naturel.
Vous pouvez aussi choisir de planter un grand arbre tous les 5-6m, que vous conduirez sur tige. Vous les intercalerez avec des arbustes à fruits plus petits (cassissier, groseillier…). Jouez un peu du sécateur en cours de saison pour qu’aucune plante ne soit étouffée.
Amélanchier (Amelanchier ovalis) : il monte à 3m. Ses petits fruits, gros comme des myrtilles, sont autant appréciés des oiseaux que du jardinier.
Cassissier : de 1,50m de haut, il doit être planté sur le devant de la haie (ou en haie basse).
Groseillier à grappes : comme le cassissier, il ne dépasse pas 1,50m.
Néflier : il peut être planté sur l’arrière de la haie, car il peut monter à 3m. Il faut récolter les nèfles après les premiers gels.
Casseille : 2m de haut. C’est un hybride entre cassis et groseille.
Cornouiller officinal (Cornus officinalis) : avec ses 5m de haut, c’est un arbuste d’arrière-plan. Il fleurit très tôt, pour le bonheur des premiers pollinisateurs.
Rosier rugueux (Rosa rugosa) : de 1,50m en tout sens, il offre ses énormes cynorhodons riches en vitamines aux oiseaux en hiver. Gros bonus : ses roses sont parfumées.
Cognassier : 4m de haut. Les cognassiers sauvages sont les plus parfumés et de loin !
Le Chèvrefeuille à baies de Mai : c’est un arbuste très rustique. De croissance plutôt lente, il supporte mal la sécheresse. Paillez bien son pied et arrosez régulièrement. Il préfère un sol légèrement acide et frais. Il donne des fleurs blanches, insignifiantes, en fin d’hiver. Elles sont suivies par des baies allongées bleues, pruineuses, au goût proche de la myrtille, riches en vitamine B et C, mûres en Mai, bien avant les framboisiers ou les groseilliers. Adulte, il mesure 1,5 x 1m.
Figuier « Icecrystal » : petit figuier de 2m à faible développement, rustique au nord de la Loire.
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